A short story
Il se
marrait bien! Il se marrait vachement en fait. L'épisode de H venait de
commencer et déjà des sommets d'absurdité étaient atteins.
Il se marrait aussi parce que les tentatives de rapprochements corporels
entreprises depuis quelques jours par son room mate à l'égard d'une voisine semblaient
porter ses fruits. Sous la mezzanine où il regardait sa série, ca emballait
sec!
Tout un feuilleton ces tentatives. Un coup t'es chaud un coup t'es
froid. "Houla il a l'air de tirer la gueule il a du se faire rembarrer".
"Tiens ce coup ci ca a l'air d'aller mieux." "Tiens il sort de
sa chambre."
Un feuilleton pensait-il. Pas des plus palpitant, loin de l'imagination
sans bornes d'un "Plus belle la vie" ou autres "Santa
Barbara" (ville toute proche) mais tout de même. On fait avec ce qu'on a.
Par contre la question à laquelle il n'arrivait pas à trouver de
réponse, pas plus que son pote, c'est pourquoi elle? Parce que non sans
déconner il faut avoir envie. Sans mentir la première fois qu'il l'avait vue il
a d'abord pensé que c'était un mec. Certes après, en regardant mieux il vit
quand même que c'était une nana mais c'est dire sa carrure. Et pis un pif avec
des marques zarbis, une impression de lourdeur etc. Elle avait beau avoir un
type asiatique rien n'y changeait: selon ses critère ce n'était ni un canon ni
une fille sympa. Car en plus elle lui paraissait prétentieuse, ne s'intéressant
qu'à elle, voulant le monde à sa disposition. Le genre de fille à trop en faire
pour montrer qu'elle est à l'aise mais qui ne l'est pas. Le genre de fille à
gruger la place de tout le monde l'air de rien quand ils faisaient la queue
pour la bouffe.
Entre deux vannes de Sabri, il se demandait
tout ca. Et continuait à se marrer.
Pourtant ca commençait à chauffer là-dessous, la soupe de langue mijotait bien
comme il faut, à une douce ébullition, les draps bruissaient au contact des pieds
gigotant et deux trois bricoles se trouvaient renversées de-ci delà. Rien de
comparable avec un quelconque pécher originel mais ca sentait quand même
vachement la pente qui y conduit. Du coup il commençait à avoir des scrupules à
se plier de rire comme un bossu toutes les deux minutes et surtout ne voulait
pas être témoin de plus que ce qu’il était déjà en train de vivre. « Ca
suffa comme ci.»
C’est donc en gentleman qu’il coupa sa série,
martela bien le sol prêt de la descente pour bien annoncer « attention,
rangez tout ce qui dépasse je descend », descendit de la mezzanine par l’échelle
dans le sens inverse, c’est à dire de face, avec les barreaux et eux dans le
dos, chose qu’il ne faisait jamais de peur de se casser la gueule mais il préférait
toujours ca que de voir quoi que ce soit, arriva en bas très digne et traça son
chemin sans tenir compte une seule
seconde de leur présence au pied de la dite échelle, le tout en portant une
attention iiiiiiinconsidérée aux lézardes du plafond et s’en fut, magnifique,
sans même leur jeter le moindre regard ni leur souhaiter bonne bourre !
Et il alla se caler gentiment sur le toit de
la maison, endroit magique pour sa vue dégagée sur la baie de San Francisco, et
précieux pour la certitude quasi absolue de ne jamais y être emmerdé par qui
que ce soit, à part un oiseau mouche, et encore on ne peut pas lui en vouloir,
c’est pas de bol si la Création l’a affublé d’une telle voix de chiotte !
Il réfléchit, pensa, philosopha, gambergea,
glandouilla, rêvassa. Le tout pendant trois
bons quarts d’heure quand même. Puis il
se dit qu’il n’a pas fait le creuvard, que là ils ont eu le temps de faire tout
ce qu’ils voulaient, ils ont pu faire des rappels, des bis, des improvisations,
tout ! C’est bon il va être l’heure d’aller se pager !
C’est en arrivant devant la porte qu’il commença
à craindre le pire : la lourde était grande ouverte, la lumière bien allumée,
et les deux tourtereaux pudiquement enlacés, intégralement pas nus !
« Dis moi pas qu’c’est pas vrai !!!!
pensa-t-il. Dis moi pas que je viens de me faire chier trois quarts d’heure
pour RIEN !!!!! Qu’je me suis cailler les noix pour peau de zob !
Mais qui m’a foutu des emmanchés pareil !!! »
C’est en remontant l’échelle tout en portant toujours une attention particulière au
plafond qu’il se rendit compte que celui-ci était en bois. Et sur le moment il
s’en foutait pas mal.
Il éteignit
l’ordinateur, se déshabilla et se coucha.
Deux minutes plus tard la lumière, dont l’interrupteur
était en bas, s’éteignit.
Et là commença l’interrogation qui allait
faire l’aller retour à toute vitesse entre ses deux hémisphères cérébraux :
« Vont-ils baiser ?! Vont-ils oser ?
Sont-ils trop pudiques ? Ils vont bien attendre que je m’endorme quand
même. D’ailleurs, allez, dodo, tu dors, endors toi, vite, aller, si tu ne veux
pas……… ……………? .………….…….??? ………….. !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Nan.
Naaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaan.
Ah ben nan .
Pas déjà.
C’est pas vrai!
Ils m’attendaient
ou quoi ???
Ca fait même pas
deux minutes que je suis au pieu!!
Ah les sauvages !
Ah les ordures !
Ah les salopards !
Mais pourquoi je me
suis barré si longtemps à votre avis ?
Même pas ils font
semblant d’attendre que je fasse semblant de dormir ! MEME PAS !!!!!
Ah les sauvages !»
Que pouvait-il faire ?
Il s’enfoui au plus profond de son sac de couchage,
veine tentative de faire barrage aux sons, s’efforça de penser à autres choses,
essaya même de se boucher les oreilles, en sachant pertinemment qu’il ne tiendrait
pas 3 minutes. Et puis il se dit que ce n’était pas si terrible, que ca arrive
d’entendre des voisins, et qu’il n’en était pas mort. Il essaya de se rassurer.
De se changer les idées. Il se rappela une voisine quand il était étudiant qui
elle faisait carrément dans la sonorisation de quartier. Même des potes à lui
habitant de l’autre coté de la rue au dernier étage l’entendaient quand elle
laissait les fenêtres ouvertes !
Mais il se disait aussi que dans ces cas là,
ce sont certains bruits qu’il entendait. La fin. Le moment bruyant par
excellence. Des cris en fait. Et pis ca durait pas 20 minutes non plus. Alors
que là, il avait beau chercher ardemment, il n’y avait pas le moindre autre
bruit ! Wallou !! Il participait donc à tout. Il savait ce qui se
passait assez précisément, il pouvait imaginer les positions ou au moins en
exclure certaines, selon s’il entendait ou pas des bruits de roulage de pelle.
Il devinait qui chevauchait l’autre. Et pis cette image, horrible. L’association
des bruitages aux visages des intéressés, et tout particulièrement celui de l’autre
machine, là, qu’il pouvait si difficilement blairer. Le genre de nana à faire semblant de ne pas
faire de bruit mais qui en fait tout de même assez pour que l’entourage sache
qu’elle s’amuse bien.
Il prit son mal en patience et attendit. En tachant
de penser à ce qui lui passait par la tête, tout et n’importe quoi feront l’affaire.
Attendre. Tout en suivant malgré tout l’avancement de l’opération.
Qui se solda d’ailleurs par un franc succès
des deux parties impliquées. Les vainqueurs se calmèrent et le champ de
bataille redevint un simple plumard.
Ouf.
Ca n’avait pas
été trop long, ca allait. Ca aurait
pu être pire. Il ne s’en sortait pas
trop mal sur ce coup là. Il tenta donc de s’endormir mais peine perdue. Le
sort, Aphrodite ou Marc Dorcel, au choix, semblaient ne pas l’entendre de cette
oreille, oreille qu’il aurait volontiers prêtée d’ailleurs afin de plus rien
entendre car un petit échange d’amabilités
s’organisait gentiment au niveau inferieur.
Paroxysme du bruitage dégueu pour qui ne
participe pas. Tout à base de salive !
Peut être a-t-il espéré ce moment que dieu
existe, afin de le soudoyer de le frapper de surdité ou tout simplement de frapper
les deux autres pour qu’ils ferment leur mouilles et le laissent pioncer.
Pourquoi n’a-t-il pas pensé à prendre le
super casque de son pote, qui aurait isolé au moins en parti ses portugaises
meurtries ?
Pourquoi n’arrive
t-il pas à s’endormir en 1 minutes ?
Quand tout prit fin pour de bon, il se dit
que le lendemain soir, il pourrait faire tout le bordel qu’il voudrait.